Innover et apprendre / Le risque de travail forcé

Les enseignements du terrain au service de la lutte contre le risque de travail forcé dans le secteur du cacao

Le travail forcé est un grave problème qu’il convient de mieux cerner et de chercher à résoudre dans toutes les filières de production, y compris dans le secteur du cacao. Selon une étude réalisée en 2018 par la Walk Free Foundation, on estime qu’entre 2013 et 2017, près de 15 000 enfants et 13 000 adultes ont été en situation de travail forcé dans le secteur du cacao de la Côte d’Ivoire et du Ghana.

Il importe, cependant, de faire la différence entre le travail forcé et les formes de travail des enfants les plus répandues dans le secteur du cacao, à savoir des enfants travaillant le plus souvent sur l’exploitation familiale. Le travail forcé des enfants représente moins de 1% du nombre total des enfants qui travaillent dans le secteur du cacao. D’après des chercheurs indépendants, il concerne généralement des situations particulières ou des groupes vulnérables, par exemple les travailleurs immigrés.

Bien qu’il soit moins répandu que le travail des enfants, le risque de travail forcé existe bel et bien. Il convient d’y faire face pour préserver le bien-être et les droits des enfants et des adultes concernés. La tâche est néanmoins particulièrement complexe, le phénomène se produisant généralement à l’abri des regards. Mais une approche appropriée peut permettre de surmonter ces obstacles.

Consciente de la nécessité de lutter contre le risque de travail forcé dans le secteur du cacao, ICI a lancé un projet dans dix communautés de Côte d’Ivoire et du Ghana. Ce projet vise à proposer des solutions pratiques pour mieux cerner les facteurs de risque, les déceler, les atténuer et y remédier.

Plusieurs indicateurs de travail forcé ont été mis au jour et regroupés en deux grandes catégories : travail accompli contre son gré et travail accompli sous la menace d’une peine quelconque. Sur la base de ces indicateurs, des solutions adaptées aux besoins en matière de détection, de prévention et de remédiation sont élaborées et testées. Il pourra s’agir par exemple d’adopter un outil de suivi, de prévoir une rémunération pour le travail accompli ou d’offrir une assistance sur mesure aux travailleurs à risque ou aux victimes de mauvais traitements.

Au cours du projet, nous avons appris qu’il était préférable de privilégier les entretiens individuels plutôt que les discussions de groupe pour enquêter sur des problèmes liés au travail forcé. Interrogés séparément, les membres des communautés et les producteurs de cacao donnent en effet des réponses différentes, ce qui permet de se faire une idée plus précise des risques véritablement encourus et des causes du travail forcé. Il ressort des informations recueillies que la situation est bien plus complexe qu’il n’y paraît, et que les schémas traditionnels ne s’appliquent pas toujours. Souvent, des facteurs d’ordre social, culturel et économique se mêlent pour créer des formes de dépendance et lier de manière insidieuse les travailleurs à leurs employeurs.

Le projet a également mis en évidence la nécessité de conclure des accords plus officiels, que ce soit sous forme orale ou écrite, ce que réclament les producteurs et les travailleurs de Côte d’Ivoire. En l’absence de tels contrats, les travailleurs sont en effet davantage exposés au risque d’exploitation. Des mesures ont été prises pour standardiser les contrats écrits ou les contrats oraux conclus devant témoin et des tests sont en cours pour établir s’ils permettent effectivement de réduire le risque de travail forcé.

La mise en œuvre du projet se poursuit et les enseignements et conclusions qui en seront tirés (y compris s’agissant des supports de formation et de sensibilisation) seront communiqués et mis à profit de manière concrète au sein des communautés du Ghana et de Côte d’Ivoire exposées à un risque élevé de travail forcé.

> En savoir plus sur notre projet sur le travail forcé